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L'agressivité chez l'enfant.

Dernière mise à jour : 23 mars 2021




Dans le développement dit « normal » de l’enfant, l’agressivité fait partie des comportements récurrents des tout-petits.


Ces comportements peuvent se traduire par le fait de taper, de mordre, de pousser, de crier, de renverser, de jeter, de rejeter, dire des mensonges ou des gros mots. L’agressivité peut être réactive, c’est-à-dire qu’elle se manifeste face à un interdit, ou proactive, lorsqu'elle est due à une impossibilité ou une difficulté à s’exprimer.


Quelques soient la ou les formes que prennent l’agressivité de nos petits, il convient pour l’adulte de ne pas banaliser ces agissements et d’adopter une posture à la fois ferme, contenante et sécurisante en rappelant les règles, pour accompagner l’enfant dans le développement des habiletés sociales et dans son bien-être.

Il est important aussi de repérer les origines et causes de ces comportements pour mieux les prendre en compte, et ne pas hésiter à en parler à un pédiatre si l’agressivité s’installe et perdure, voire s’accentue au fil des mois.



Pour mieux comprendre les comportements agressifs de nos enfants, quelques repères au fil des âges…


Avant et autour de sa première année, l’enfant lance ou laisse tomber des objets pour entendre les sons qu’ils produisent, façon pour lui de découvrir et d’explorer son monde, et d’être en interaction avec l’adulte qui ramasse l’objet et le lui rend.

Dans cette quête de découverte, le petit suce, tête, mâchouille, mordille avec sa bouche. Ainsi il s’affirme, et peut se soulager aussi de poussées dentaires. L’enfant n’a pas la compréhension des conséquences de ses gestes puisque son cerveau n’est, à ce stade, pas assez développé.


Vers l’âge de 2 ans, les comportements d’agressivité s’amplifient chez l’enfant. Ses habiletés sociales ne sont pas encore développées et il a des difficultés pour exprimer ses besoins et ses émotions par la parole. L’enfant ne fait pas la différence entre ce qui est à lui et son désir de jouer.


Entre 2 et 3 ans, les accès de colère chez l’enfant sont fréquents car sa tolérance à la frustration est faible, et il peut faire part de comportements inadaptés tels que des coups, des morsures, le repoussement de l’autre. Il ne joue pas avec mais à côté d'un autre enfant. Il s’affirme, s’oppose à l’adulte et cherche ainsi à attirer son attention.

Durant cette période, l’enfant répète tout ce qu’il entend, y compris les gros mots. Il reproduit aussi ce qu'il voit du comportement des autres.


Vers 3 ans, l’enfant apprend à se faire des amis, et même si rapidement il ne s’entend plus avec l’autre enfant, il prend plaisir à jouer avec lui et il devient plus facile de prêter et d’attendre son tour. A cet âge il passe plus de temps à développer la façon dont il va jouer que de jouer réellement avec son compagnon de jeu.


Après ses 3 ans, l’enfant reste égocentré et il lui est difficile d’être confronté au refus. Toutefois, avec le développement du langage, il commence à raisonner, argumenter, négocier et l’agressivité petit à petit devient plus verbale que physique.

Progressivement, l’enfant comprend qu’il a pu blesser l’autre ; il peut s’excuser et reconnaître ses torts.


Entre 2 et 5 ans, l’enfant peut être amené à dire des « mensonges », ou raconter des histoires, pour éviter de se faire gronder ou par peur de déplaire à l’adulte.

Il peut déformer la réalité simplement car sa version est plus intéressante, pour s’amuser, ou faire rire.

Cela cessera vers 6 ans, âge auquel l’enfant sait faire la différence entre réalité et monde imaginaire, entre bien et mal.



Repérer les origines pour prendre en compte l’agressivité de l’enfant et l’attitude à adopter.


Si les comportements d’agressivité font partie du développement de l’enfant, il convient de ne pas les banaliser, ni d’en rire.


Le comportement agressif peu avoir plusieurs origines qu’il est intéressant de repérer pour accompagner au mieux l’enfant dans son développement.


Par ces attitudes dites « agressives », l’enfant peut ainsi imiter ce qu’il voit des autres enfants ou des adultes qui l’entourent. Il peut aussi manifester son besoin d’attention et d’affection, son refus de partager ou son intolérance face à une frustration.


Repérer le contexte dans lequel s’expriment ces comportements agressifs est essentiel : L’enfant peut avoir du mal à s’adapter à une situation de changement (déménagement, deuil, arrivée d’un bébé…). Cela va lui demander beaucoup d’énergie et le rendre fatigable et irritable. De même, une journée bien remplie est riche en émotions, découvertes, stimulations pourra générer fatigue et irritabilité. Un enfant est plus sensible lorsqu'il et fatigué, quand il a faim, quand il souffre de poussées dentaires, ou encore quand il "couve" quelque maladie.


Le lien parent-enfant peut être mis en cause lorsque les parents sont trop souvent absents, ou trop peu disponibles, de nature anxieuse ou victimes de dépression. L’autorité parentale aura des difficultés à se mettre en place car le lien d’attachement n’est ni solide, ni sécurisant.


A noter que des punitions, sévères, et/ou régulières augmentent l’agressivité de l’enfant.


Il arrive que l'environnement familial soit en cause.

Un environnement sans limites, des adultes qui répondent systématiquement de manière positive à un comportement agressif (l'enfant sait alors qu'il peut obtenir ce qu'il veut en employant l'agressivité) ou perdent leur sang-froid et s’emportent facilement, des disputes récurrentes au sein de sa famille (aussi lui laisser penser que c’est la norme), favorisent les troubles d’opposition chez l’enfant.


Face à l’agressivité de l’enfant, l’adulte doit adopter une posture calme, sécurisante et contenante d’un point de vue psychique et physique.

Il est essentiel de mettre des mots sur le comportement de l’enfant et de l’encourager à apprendre à verbaliser ses frustrations.


L’adulte a tout intérêt à garder patience et à expliquer à l’enfant que son geste est interdit car il peut être dangereux lorsqu'il tape ou mord, par exemple, et qu’il est important de respecter les objets et les personnes.


A nous, adultes, de rester calmes, et de montrer à l’enfant que ses actes ont des conséquences. Sans nier son émotion, proposer de dire qu’il est fâché et l'aider à poser des mots même si c'est encore difficile pour lui permet à l'enfant de se sentir reconnu dans ce qu'il vit.


Au lieu de dire non systématiquement, l’adulte peut poser ses conditions (« Nous lirons une histoire lorsque tu auras rangé tes jouets »), et privilégier des explications claires et courtes pour ne pas laisser la possibilité à l’enfant de négocier ou de s’opposer.


Renforcer un comportement positif chez l’enfant, en le félicitant, lui est valorisant.



Quelques outils au quotidien…


Le renforcement d’un comportement positif de l’enfant est essentiel. Lui dire combien nous sommes fier et content de lui est important et valorisant pour la construction de son estime de soi.

Il est possible de lui donner des objectifs atteignables et de le féliciter grâce à des gommettes par exemple, ou en partageant un temps avec lui pour jouer à son jeu préféré.


Même s’il est fastidieux de répéter constamment, certains enfants en ont besoin pour se rappeler les règles.

Avoir sous la main un bon livre pour enfant qui traite de l’agressivité peut être un bon outil. Le lire et le décortiquer avec l’enfant pourra lui permettre d’imaginer comment il peut faire autrement pour vivre ses émotions en respectant l’autre et lui-même.


Le jeu peut être un moyen de travailler sur ces comportements d’agressivité. Lorsque l’adulte interdit quelque chose à l‘enfant, lui proposer des alternatives est une bonne solution comme jouer à faire semblant d’une situation pour qu’il puisse dénouer tranquillement une autre stratégie et ainsi exprimer ses émotions différemment.


Il sera bienvenu de remarquer lorsqu'il contrôle son comportement et de le féliciter à ce moment là. Cela fera plaisir à l’enfant et l’encouragera dans la gestion de ses émotions et donc de son comportement. Il se sentira valorisé donc important. Par conséquent, son estime de lui-même se développera positivement.


Les cercles visages peuvent aider les enfants plus petits à exprimer leurs émotions (les 4 émotions principales suffisent: joie, tristesse, peur, colère).


Lorsque l'enfant cherche de l'attention et que, par son comportement agressif il blesse un autre enfant, il conviendra de se rapprocher de la petite "victime" en priorité pour s'occuper de l'enfant blessé et signifier à l'autre qu'avec ce comportement, il n'obtiendra pas ce qu'il attend.



Dans un cadre collectif ou même privé, proposer à l’enfant un temps calme, seul, sur un coussin de quelques instants lorsqu’il fait part d’un comportement agressif peut l’aider. Lui permettre de verbaliser ses émotions est bénéfique dans sa gestion des émotions. Le coin, le piquet, peut importe son nom ne s'applique pas avant l'âge de 2 ans et se fait en fonction de l'âge de l'enfant: jusqu'à 1 minute par année d'âge.


Pour vous aider et aider votre enfant, vous pouvez consulter les liens suivants :

  • [camera crèche] Les émotions - les émotions du tout petit en accueil collectif (pour les parents)

  • Grosse colère - c'est l'histoire de Robert qui gère sa colère (pour les tout-petits)

  • Les émotions - Mes cahiers filliozat , livre d'activités pour découvrir et reconnaître les émotions pour les enfants... et leurs parents (à partir de +/- 5 ans)

  • Vice-versa - film disney-PIXAR (à partir de la préadolescence sinon cela implique d'en discuter avec l'enfant pendant le visionnage)



En conclusion, les comportements agressifs font partie du développement de l’enfant.


Plus le tout petit développe la parole et ses habiletés sociales, plus les comportements agressifs diminuent.


Prendre le temps d'observer ce qui déclenche ces comportements, notifier l'interdit de certaines conduites, accompagner l'enfant dans la dépose de ses émotions, ratifier les comportements positifs sont nécessaire dans l'apprentissage des habiletés sociales de l'enfant.


Si les comportements agressifs s'intensifient, que l'enfant se fait mal volontairement, si ces comportements persistent après l'âge de 6 ans, que malgré tout ce que vous mettez en place son comportement ne varie pas, prenez contact avec son pédiatre.


Dans des cas ou l’enfant fait part de troubles tels que les retards de langage, les Troubles du Déficit de l'Attention avec ou sans hyper activité, les Troubles du Spectre Autistique, il est important de trouver du soutien et des accompagnants compétents qui aient une compréhension de ses difficultés pour pouvoir mettre en place, en lien avec les parents, des stratégies centrées sur ses besoins.




Sonia BERTHON


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